La brique en terre valaisanne cherche son envol
L’entreprise de construction Evéquoz SA s’est lancée dans la fabrication, en partenariat avec une start-up romande, de briques en terre valaisanne. Une
excellente idée qui peine encore à trouver son marché.
Pour une innovation, c’est une innovation. Pensez-donc. Une entreprise de construction valaisanne qui commence à se poser des questions de durabilité et de recyclage, mais aussi d’innovation et de processus qualité dans plusieurs secteurs. Hormis pour quelques entreprises Valais excellence, c’est un peu le monde à l’envers. Et pourtant, c’est le pari dans lequel s’est lancée l’entreprise Evéquoz SA basée à Conthey, en partenariat avec une entreprise spécialisée, Terrabloc, installée à Gland. «Nous sommes confrontés à d’énormes problèmes de stockage de la terre de nos chantiers », indique sans détour Laurence Gaillard-Quennoz, directrice générale d’Evéquoz SA. En clair, plus personne ne sait quoi faire de cette montagne de terre. «Les quelques centimètres de terre végétale trouvent toujours preneur mais ça se gâte pour tout le reste dont plus personne ne veut. Il faut donc d’abord l’évacuer, puis trouver un terrain et, finalement, payer très cher pour la stocker. Ça devient un vrai casse-tête. L’Etat du Valais et certaines communes ont serré la vis. Pour les entreprises de la construction, c’est un véritable défi », avoue la directrice. C’est ainsi qu’est née l’idée de s’associer avec une entreprise spécialisée dans la production de briques en terre locale. « En fait, il y a quelques années, je travaillais encore à Gland, et les fondateurs de Terrabloc étaient mes voisins. Drôle de coïncidence», explique en souriant Laurence Gaillard-Quennoz. Les premiers tests ont lieu fin 2016 pour vérifier la qualité de la terre. « Nous avons la chance de disposer d’un grand centre de tri à Conthey. Ce site nous permet d’être au top dans le recyclage de tous nos matériaux de chantier », indique Marc Quennoz, responsable qualité, sécurité et environnement (QSE) chez Evéquoz SA. « Cette aventure s’est poursuivie au printemps 2017 avec la production sur place de quelques premières centaines de briques. Nous avons invité des clients : architectes, ingénieurs, communes et canton. Les premiers contacts sont très positifs, mais maintenant nous devons passer à la vitesse supérieure et convaincre les architectes, notamment, de la qualité de ce nouveau produit. »
Marc Quennoz, responsable qualité, sécurité et environnement (QSE), et Laurence Gaillard-Quennoz, directrice chez Evéquoz SA.
Une brique du terroir
Ce bloc de terre compressé (BTC) comporte en effet plusieurs avantages. Les coûts de transport et les volumes de déblais d’excavation peuvent être fortement réduits en utilisant la terre directement sur le chantier au lieu de la transporter. C’est un gain financier et environnemental, mais pas seulement. Cette brique du terroir possède en effet de très bonnes caractéristiques hygrométriques mais aussi de résistance thermique. Seul hic. Pour le moment, la nouvelle brique reste encore 20 à 30% plus chère que des briques normales, très souvent importées de pays européens. « Mais ce n’est pas dit que cela change rapidement », analyse Marc Quennoz. «Et puis, en construisant avec des briques locales en terre valaisanne, il y a un petit côté terroir qui n’est pas à négliger, surtout dans ce canton. » De nombreuses réalisations, murs extérieurs et intérieurs, ont déjà vu le jour en Suisse romande mais pas encore en Valais. « Ce projet est parti d’un petit grain de folie qui doit encore porter ses fruits ces prochaines années. La brique du terroir doit encore trouver son marché, mais je suis convaincue qu’il s’agit d’une option crédible dans un contexte de saturation des sites de stockage et donc de fortes hausses des coûts pour les entreprises de la construction. Nous proposons une solution innovante et durable qui a de l’avenir », assure Laurence Gaillard-Quennoz.
Retrouvez l'intégralité de l'article tiré du magazine N°2 de Valais Excellence ici.